Lorsqu’on se résout à franchir le pas et à s’adresser à un psychologue libéral pour la première fois, le doute quant à la nécessité d’une psychothérapie s’installe souvent. S’autoriser à reconnaitre son mal-être, en discuter de vives voix et chercher à en dénouer certains nœuds peut être ressenti comme un pari risqué émotionnellement parlant. L’inconfort qui en découle donne souvent envie que les choses aillent vite, ce qui conduit fréquemment à privilégier des accompagnements court-terme au détriment de psychothérapies dont la durée n’est pas prédéfinie en amont. Dans ce sens, les notions d’« accompagnement » et de « psychothérapie » peuvent être confondues, ce qui risquerait de faire croire qu’un accompagnement et un soin psychologique peuvent être des équivalents. D‘autant plus que certains patients en détresse peuvent présenter un besoin simultané d’accompagnement et de soins psychologiques, il n’est pas toujours facile de tracer une ligne claire entre ces deux notions.

ENTRE ETYMOLOGIE ET VALEUR THERAPEUTIQUE

Étymologiquement, la racine du mot « accompagner » renvoie au corps à travers le pain et le partage de la nourriture, tandis que le soin renvoie à la relation et à la question de l’attention portée à autrui. Autrement dit, l’idée que nous avons est que l’accompagnement se situerait principalement du côté du besoin, alors que le soin se situerait surtout du côté de la demande et du désir. Il en découle ainsi des prérequis parfois épineux afin de se permettre une démarche de soin : s’autoriser à reconnaitre chez soi une difficulté ou une souffrance, s’autoriser à faire appel à un tiers et donc de potentiellement dépendre de lui, ou encore par exemple de faire confiance dans la portée transformationnelle de la parole et par extension du soin psychique.

Comprendre l’enjeu et la portée de l’accompagnement est essentiel. Toutefois, reconnaître son importance ne signifie pas nécessairement lui attribuer une valeur thérapeutique d’emblé. De nombreux patients, confrontés à des douleurs physiques ou à de la souffrance psychique, trouvent un réel réconfort dans cet accompagnement. Ce dernier est fondé sur deux piliers essentiels : l’écoute attentive et l’empathie profonde. Ces deux éléments permettent de créer un lien solide et de confiance entre le thérapeute et le patient, un premier prérequis insuffisant à lui seul pour vectoriser un travail thérapeutique dans sa visée transformationnelle.

Egalement, dans le contexte quotidien, cette notion d’accompagnement est également perceptible. Nos proches, amis ou famille, jouent souvent ce rôle d’accompagnateur bienveillant, offrant une oreille attentive et un soutien inconditionnel. Malheureusement, face à l’accroissement de l’isolement social dans notre société contemporaine, beaucoup se retrouvent démunis et submergés par leur détresse. Cet isolement amplifie leurs souffrances, rendant l’accompagnement encore plus crucial.

Il est donc évident que notre environnement immédiat, qu’il soit professionnel ou personnel, a une influence déterminante sur notre capacité à faire face aux adversités de la vie. Le rôle de soutien de notre entourage ne peut être sous-estimé, car il nous aide à naviguer à travers les tempêtes existentielles et à trouver un sens à nos expériences.

RISQUE DE CONFUSION DANS LES ATTENTES THERAPEUTIQUES

L’accompagnement est souvent perçu comme une démarche d’apaisement pour les personnes en souffrance, offrant un réconfort momentané et une épaule sur laquelle s’appuyer. Cette approche, bien qu’essentielle, a ses limites. En effet, si l’accompagnement peut alléger certaines souffrances et fournir un support immédiat, il ne provoque pas nécessairement un réaménagement profond ou une réorganisation interne de l’individu stable sur la durée.

Ainsi, il est crucial de comprendre que l’accompagnement, par sa nature même, ne garantit pas les mêmes effets qu’un soin thérapeutique. Lorsque nous parlons de soin psychique et de transformation, le soin thérapeutique va au-delà du simple soutien; il engage l’individu dans un processus de changement, d’introspection et de reconstruction. Il serait donc dangereux de mettre l’accompagnement et le soin thérapeutique sur le même pied d’égalité. Alors que l’accompagnement est un premier pas crucial pour soutenir ceux qui sont en détresse, il ne devrait pas être vu comme une panacée.

En d’autres termes, il est impératif de reconnaître que, bien que l’accompagnement joue un rôle fondamental dans le bien-être d’une personne, il ne remplace pas la nécessité d’une intervention thérapeutique complète et approfondie. Reconnaître cette distinction est essentiel pour assurer une prise en charge holistique et efficace des individus en souffrance.

PARTICULARITES  DU CADRE THERAPEUTIQUE

En effet, du côté de la thérapie, le cadre thérapeutique doit pouvoir incarner et relier ensemble une fonction de contenance et une fonction limitante, afin de permettre au patient de renouer avec le processus de différenciation et de se construire psychiquement de manière équilibrée, tout en évoluant dans une dynamique de liaison et d’ouverture au monde.

Ainsi, en séance, l’expression verbale – ou plus précisément tout ce qui fait langage – offre la possibilité d’avancer au rythme du patient sur les liens internes qui existent en lui, entre les contenants et les contenus de sa pensée, et ce à travers des représentations verbales lorsqu’elles sont accessibles. Ce cadre de travail thérapeutique s’adapte évidemment lorsque le patient a tendance à se situer dans des registres mixtes ou en deçà de la parole.

Comme nous le constatons, la question demeure complexe et chargée d’implications. C’est la qualité de la prise en charge des patients qui représente, bien sûr, l’enjeu crucial de ce propos, dans la mesure où l’ambition thérapeutique de la part de nombreux professionnels non psychothérapeutes vient, malheureusement, renforcer la méfiance des patients et ajouter de la confusion dans des parcours de soins déjà douloureux.

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